Le christianisme n’en est qu’à ses débuts. Son « programme », appelons-le ainsi, est prévu pour des millénaires; chaque siècle, chaque époque ne prend dans le christianisme, dans la Bible, que ce qu’elle est en état de percevoir. Nous aussi, à notre époque, nous ne prenons que l’aspect, partiel, que nous sommes capables de percevoir et sur lequel nous réagissons aujourd’hui. Le christianisme est ouvert sur tous les siècles, sur le futur, sur le développement de toute l’humanité. C’est pourquoi il est capable de renaître constamment.
Au fil de son histoire, il peut traverser les crises les plus pénibles, se trouver au bord de l’extermination, de la disparition physique ou spirituelle, mais à chaque fois il renaît. Non parce qu’il est dirigé par des personnes exceptionnelles – ce sont des pécheurs comme tout le monde – mais parce que le Christ lui-même a dit : « Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 20). Le seigneur n’a pas dit : « Je vous laisse tel ou tel texte, que vous pouvez suivre aveuglément. » Car ce qui est écrit dans la Bible n’est, en réalité, que son écho, le reflet de sa personnalité dans la conscience et la pensée de ses disciples. Non, le Christ a dit : « Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde. » Il n’a pas parlé de quelques écrits, des Tables de la Loi, de certains signes et symboles particuliers. Il n’a rien laissé de tel, mais il s’est laissé lui-même, lui seul.
Extrait de : Men, Alexandre. Le christianisme ne fait que commencer. Cerf, coll. « Le sel de la Terre », 1996, p. 253
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Repères biographiques On l’appelle l’appelle pasteur, prophète, martyr, apôtre : le prêtre russe Alexandre Men était une des ces figures brillantes et dynamiques qui marquent des périodes de transition sociale, politique et économique. Il se trouvait à la charnière entre deux grandes époques de l’histoire russe, celle du communisme, inaugurée par la révolution bolchevique d’octobre 1917, et celle de l’« après-communisme », inaugurée par l’arrivée au pouvoir à la tête du Parti communiste russe de Mikhaïl Gorbatchev en 1985. La vie tragiquement écourtée du père Alexandre couvrait les périodes alternantes de relaxation et d’intensification de la persécution de l’Église sous Staline et ses successeurs, pour aboutir enfin à la perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev. C’était sous le signe la perestroïka que le père Alexandre a vécu les deux dernières années de sa vie. Car il a été assassiné à coups de hache au petit matin du 9 septembre 1990, alors qu’il se rendait célébrer la Liturgie dominicale. Dans les deux ans précédant son assassinat, il avait prononcé quelque deux cents conférences sur le christianisme devant des publics les plus divers, on écrivait de lui dans les journaux et les revues, on le recherchait pour des émissions radiophoniques et télévisées, on commençait à éditer ses livres en Russie, livres publiés auparavant exclusivement à l’étranger…
Source : http://www.pagesorthodoxes.net/saints/alexandre-men/men-introduction.htm
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Comme il est bon de lire ces quelques lignes, bon de lire que le christianisme peut traverser des crises mais non pas mourir car le Christ est avec nous jusqu’à la fin du monde.
C’est bon en cette période si terrifiante d’attaques violentes et barbares contre les chrétiens au Moyen-Orient, mais aussi au Pakistan, en Chine…… et de déchristianisation à marche forcée dans les pays occidentaux.
C’est bon aujourd’hui car aujourd’hui la menace est grande. En même temps, c’était bon hier car il y avait aussi menace, les persécutions du XX siècle, le nazisme, le communisme, la volonté d’éradiquer la religion et le nombre immense des victimes.
Les menaces s’entrecroisent de nos jours. Le communisme n’a pas encore disparu de tous les pays que naît l’islamisme
qui se développe à la vitesse du cancer. Le monde est malade.
Mais quand on voit la foi et le courage de nos frères d’Orient, on garde l’espoir puisqu’ils gardent le cap. Et surtout, il y a cette phrase « Je suis avec vous jusqu’à la fin des temps ».
Comme il est bon de lire que le christianisme n’est pas une doctrine figée, qu’il ne se réduit pas à un code de lois immuables, mais qu’il est évolutif parce qu’il est voué à être une interprétation de la Parole, un écho dans le cœur des hommes de chaque époque de même que les évangiles sont l’écho de la personne du Christ dans la conscience de ses disciples et que Lui, le Christ s’est laissé, Lui seul.
C’est peut-être ce que devraient méditer les cardinaux qui viennent de publier « Demeurer dans la vérité du Christ », ouvrage dans lequel ils s’opposent à la proposition du Cardinal Kasper à l’égard des divorcés remariés.
Ce « demeurer » reflète assez bien une interprétation figée de l’écriture quand il sert à ne pas sortir des cadres fixés à une époque, dont on ignore s’ils seraient reconnus par le Christ. L’article de Mgr Rouet, paru sur ce site, montre bien l’attachement à un verset de l’évangile de Matthieu où il est question de répudiation et non de divorce. Le Christ voulait défendre les femmes de son époque, la liberté et la dignité de chacun. Qu’aurait-il dit du divorce s’il avait existé?
On fige une parole qui répondait à un contexte qui n’est plus.
La compréhension plus ample, plus large qu’avait le Père Men d’un christianisme vivant, avançant en interrelation, interconnexion avec ses interlocuteurs, ses disciples, amène des ouvertures là où, d’autres, ferment les portes.
Tout est si étroitement verrouillé que la Miséricorde de Dieu ne peut plus agir…
Je ne sais pas grand chose, mais je comprends que nous avons toujours intérêt à prendre de la hauteur, de l’ampleur et de la largeur quand on veut parler de notre Dieu et quand on a pour mission de porter sa Parole pour la faire comprendre.