Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 3,13-17.
Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme.
De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé,
afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle.
Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle.
Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
COMMENTAIRE
« Celui qui croit n’est jamais seul » affirmait Benoît XVI dans une homélie. La fête de la Croix Glorieuse vient nous rappeler que Jésus-Christ, en montant sur la croix, a pris à bras-le-corps la solitude dans laquelle nous plongent le péché et la mort, afin que nous ne soyons plus jamais seuls dans notre combat avec le mal. Comme l’affirme saint Paul dans sa lettre aux Philippiens : « Dieu l’a élevé au-dessus de tout nom » ce Jésus, à cause de sa victoire sur la mort. C’est pourquoi sa croix est glorieuse. Elle est devenue notre étendard, le signe par lequel se reconnaissent les disciples du Christ.
Malgré toute l’horreur qu’elle évoque, la croix est source de vie pour les croyants, car en elle c’est la mort qui est crucifiée, qui est mise à mort. C’est elle qui est vaincue et non Jésus. « Ô mort, où donc est ta victoire », s’écrie saint Paul en contemplant la croix du Christ. Il ne voit plus que Jésus dans son offrande, dans son amour qui va jusqu’au bout de lui-même, et qui le fait s’exclamer : « notre fierté c’est la Croix du Christ! »
Jésus l’a acceptée courageusement, sans qu’on puisse dire de lui qu’il l’ait recherchée. Son oui est un oui à l’exigence de l’Amour dont il ne saurait s’esquiver. Il sait que ce don de lui-même ne peut que nous apporter la vie. Jésus est venu pour cette heure-là, et c’est sur la croix qu’il va affronter le Mal jusque dans ses derniers retranchements. C’est le grand mystère de la foi chrétienne, « scandale pour les Juifs, folie pour les païens ».
Il est important de se rappeler, par ailleurs, que c’est nous qui avons cloué Jésus sur cette croix, cette humanité dont nous sommes solidaires dans le péché. Et pourtant, Dieu dans son amour de Père, en a fait le lieu de notre réconciliation, de notre guérison. C’est sur ce bois rugueux de la croix que l’amour de l’Homme-Dieu s’est livré jusqu’au bout, au point de saisir dans son offrande toute l’humanité, toutes les générations à venir, de toutes races, langues, peuples et nations.
Tout comme pour nous aujourd’hui, le côté rebutant de la croix n’allait pas de soi pour les premières générations chrétiennes, car vous en conviendrez avec moi, la prédication d’un messie crucifié n’était pas de nature à séduire les foules. Ces premiers témoins rapportaient ce qui aurait dû empêcher la naissance et l’expansion du christianisme. Mais ils se devaient de témoigner de la foi ardente qu’ils avaient en Jésus ressuscité, puisqu’il s’était manifesté à eux après sa résurrection.
À la suite de ces premiers témoins, nous aussi nous proclamons un Messie crucifié. Paradoxalement, la croix est notre honte, parce que cette croix est l’expression même de notre péché, de nos violences, mais elle est avant tout notre fierté, puisqu’elle est le lieu de notre relèvement, le lieu de tous les pardons, de toutes les guérisons.
C’est pourquoi l’Église en cette fête nous invite à nous rappeler combien il est important de contempler Jésus en croix. On peut avoir passé toute sa vie à prier le Seigneur sans vraiment l’avoir regardé sur sa croix; je veux dire sans l’avoir contemplé de ce regard qui va jusqu’au fond de sa blessure, de son amour pour nous.
La contemplation de la croix nous donne de comprendre combien nous sommes présents dans la prière de Jésus. Nous sommes crucifiés avec lui, aimés de lui, offerts par lui comme son bien le plus précieux : « Père, ceux que tu m’as donnés je te les offre, et je m’offre avec eux, pour eux. »
La croix est véritablement le lieu par excellence de notre adoption par le Père, puisqu’elle fait de nous des frères et des soeurs de Jésus. C’est sur la croix qu’il nous saisit dans son mystère d’amour, pour ne plus faire qu’un avec nous. Il est là à cause de nous, mais il est là surtout pour nous. Il prend sur lui nos péchés, nos détresses, et il s’associe pour l’éternité à notre pauvre humanité blessée, afin de la racheter et de la relever. Sa vie de ressuscité devient notre vie.
Frères et soeurs, comme elle est belle cette croix quand c’est Jésus qui la recouvre de sa présence. C’est la vie même qui est clouée au coeur de la mort et notre humanité peut enfin refleurir. Elle n’est plus orpheline, elle n’est plus seule dans son combat, car elle peut désormais appeler Dieu « notre Père ». Voilà la beauté et le mystère de l’Église, Corps du Christ, à jamais crucifié avec lui dans l’offrande de sa vie pour le monde.
Seigneur, donne-nous de toujours savoir contempler ta Croix glorieuse. C’est la grâce que nous te demandons Ô notre Seigneur crucifié. Amen.
fr. Yves Bériault, o.p.
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