De dimanche en dimanche, la Parole de Dieu est la première table qui nous rassemble. Tout comme l’Eucharistie, elle vient nous nourrir et nous ressourcer. Il est bon de savoir que certains Pères de l’Église avaient proposé de faire de la proclamation de la Parole de Dieu un sacrement, au même titre que les autres sacrements. Si cette idée n’a pas été retenue par l’Église, le Concile Vatican II n’a toutefois pas hésité à affirmer que c’est le Christ lui-même qui s’adresse à nous chaque fois que la Parole de Dieu est proclamée.
Entrer dans l’intelligence de la Parole de Dieu, de dimanche en dimanche, lui être attentif, demande un certain effort, il faut bien l’avouer. L’un de mes frères qui venaient de raconter l’histoire de l’enfant prodigue à un groupe d’enfants leur avait demandé ce qu’ils pensaient de cette histoire et le plus jeune avait répondu : « On l’a déjà entendu cette histoire! »
Ces textes sacrés qui sont proclamés de dimanche en dimanche nous sont tous familiers, trop peut-être, d’où le risque de les écouter sans beaucoup d’intérêt, oubliant ainsi que Dieu parle à chacun et chacune de nous à travers sa Parole. C’est un acte de foi que nous posons chaque fois que nous accueillons avec attention la Parole de Dieu. Revenons maintenant aux textes de ce dimanche.
Tout d’abord, quel contraste entre la première lecture du livre des Lévites et l’attitude de Jésus dans l’Évangile, alors que selon la loi juive le lépreux devait être exclu de la société! Non seulement Jésus accueille un lépreux, mais il le touche et il le guérit. La gravité de cette maladie et l’exclusion qu’elle entraînait mettent certainement en relief l’impressionnant miracle de Jésus, mais il nous faut regarder au-delà du miracle lui-même, afin d’en dégager sa signification profonde, et ce en quoi l’action de Jésus nous interpelle dans notre vie de foi.
Pour les besoins de notre méditation, je vous propose trois pistes de réflexion.
Premièrement, le récit évangélique oriente tout d’abord notre regard vers le lépreux. On ne peut qu’admirer son attitude. Non seulement il fait preuve de beaucoup de courage en s’approchant de Jésus, car il devait se tenir à l’écart des villes et des foules, mais il manifeste surtout une grande foi. Il se prosterne devant Jésus, alors que l’on ne tombe à genoux que devant Dieu, et il affirme sans hésitation que Jésus a le pouvoir de le guérir : « Si tu le veux, dit-il, tu peux me purifier. »
Cette requête nous entraîne au cœur de la prière de demande, telle que voulue par Dieu. C’est une prière qui fait tout d’abord confiance à Dieu, malgré la lourdeur de l’épreuve, malgré la nuit où nous enferme parfois le malheur, la maladie ou le désespoir. C’est une prière qui attend tout de Dieu, et qui sait tout remettre entre ses mains, comme Jésus à Gethsémani : « Non pas ma volonté, mais la tienne ». C’est une prière exigeante que la prière de demande à l’école de Jésus. Elle demande beaucoup de foi, beaucoup d’amour, beaucoup d’abandon, et seul le Christ peut nous introduire dans cette prière, quand nous crions vers Dieu comme le lépreux ou le psalmiste :
Seigneur, entends ma prière : que mon cri parvienne jusqu’à toi!
Deuxièmement, l’évangile d’aujourd’hui oriente aussi notre regard vers l’attitude de Jésus. Devant la demande du lépreux, il répond sans hésiter : « Je le veux, sois purifié. » Nous touchons ici au plus profond désir de Dieu sur nous, ainsi qu’à notre besoin le plus fondamental. Car nous sommes souvent mis à l’épreuve dans nos vies, humiliés et blessés par nos faiblesses et nos manquements. Nous avons besoin de guérisons afin de vivre le plus fidèlement possible comme les enfants de Dieu que nous sommes, car nul ne peut échapper au mal qui nous assaille, au péché qui prend trop souvent le dessus sur nous. Jésus vient nous libérer de cette emprise du mal sur nos vies, il vient nous purifier.
Remarquez dans l’évangile, il est dit de Jésus qu’il est pris de pitié devant cet homme. Cet homme c’est nous, et Jésus est le reflet de l’amour du Père pour nous. Il s’émeut de compassion devant nos souffrances et sans cesse il se fait proche de nous, d’où l’importance de lui confier nos vies dans la foi, en ne doutant pas qu’il va agir en notre faveur dans sa grande miséricorde, quelle que soit notre nuit.
Troisièmement. Le récit évangélique, comme tout l’évangile d’ailleurs, invite les disciples du Christ à porter le regard de Jésus sur notre monde. À son époque, l’on croyait que la lèpre était causée par le péché. Nous ne voyons plus la maladie comme une malédiction de Dieu, pourtant notre humanité est toujours aux prises avec cette lèpre qu’est le péché et qui la défigure sans cesse. C’est le mal qui est à l’œuvre en nous et dans notre monde, notre pauvre monde, comme me le confiait un vieux moine trappiste, où le cri des malheureux peut devenir assourdissant si l’on sait prêter l’oreille.
Je repense à ces paroles émouvantes du Pape François, lors de sa bénédiction de Noël, quand il disait, la voix étranglée par l’émotion : « Il y a tant de larmes en ce Noël. »
Il avait mentionné l’Irak et la Syrie, où sévissait une « persécution brutale » des minorités religieuses. Il avait fait mention de l’Ukraine, du Nigeria, de la Libye… Mais ce qui restera dans les mémoires, c’est lorsqu’il a évoqué toutes les violences faites aux enfants.
Il a mentionné des événements précis comme l’horrible attaque contre une école de Peshawar au Pakistan, où une centaine d’enfants avaient été assassinés. Il avait ensuite évoqué les enfants « tués et maltraités, ceux qui le sont avant de voir la lumière du jour (…), enterrés dans l’égoïsme d’une culture qui n’aime pas la vie », ceux qui sont « abusés et exploités sous nos yeux et notre silence complice », ceux qui sont « massacrés sous les bombardements, même là où le fils de Dieu est né ».
Le cœur du message du pape François se résumait à ceci : « Combien le monde a besoin de tendresse aujourd’hui! » Et où allons-nous la trouver cette tendresse? Cette tendresse, c’est le don que Dieu nous fait en son Fils, afin que nous devenions des témoins de sa compassion. Dans le répons du psaume, nous chantons : « Seigneur, entends monter vers toi le cri des malheureux ». Mais cette supplication, elle nous est aussi adressée par tous les malheureux. Lors de la multiplication des pains, Jésus ne dit-il pas à ses disciples : « Donnez-leur vous-mêmes à manger! »
L’on me répondra que le défi est énorme à vue humaine, utopique même, mais nous croyons qu’avec le Christ tout est possible. N’est-ce pas lui qui devant le spectacle de notre misère humaine s’écrie dans l’évangile d’aujourd’hui : « Je le veux, sois purifié. » Rien n’est impossible à Dieu, et c’est avec cette foi qu’il nous invite à vivre en ce monde qui est le nôtre.
Yves Bériault, o.p.
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Fruit de la terre et du travail des hommes. Fruit de la vigne et du travail des hommes. …, avec Lui et en Lui. Le Seigneur nous indique la nature vivante (active) que doit prendre notre foi. Une invitation à une communion sans réserve. Quand je vais à la messe, c’est pour communier à la parole, au Corps et au Sang de Jésus Christ et ce en communauté. L’Église n’était pas prête à proclamer cette communion à la parole de Dieu que nous devons faire nôtre. Personnellement je crois au sacrement de la communion à la Parole de Dieu. Un jour cela se fera peut-être et ça ne nuira pas aux rapprochements avec nos frères protestant.
La nature de l’Immaculé conception, en tant qu’Eve nouvelle, ayant connue la Communion parfaite avec Dieu, m’a inspiré cette variante du ‘Je vous salue Marie’.
Notre Mère qui êtes aux cieux, je vous salue.
Marie, comblée de grâces, vous êtes bénie entre toutes les femmes, car le Seigneur est avec vous et Jésus Christ est le fruit de votre sein. Sainte Marie, mère de Dieu, notre dame de la Communion, prier pour nous pécheurs maintenant et à l’heure de notre mort. Amen.