(février 4) Les adieux sont presque terminés. Je quitte la trappe demain matin. J’ai rencontré le père Abbé ainsi que le prieur. J’ai aussi écrit mon mot de remerciement à la communauté. Le voici :Chers frères,
Le temps est déjà venu pour moi de vous quitter, mais non sans vous dire mille fois merci pour ce privilège qui m’a été accordé de vivre parmi vous pendant un mois, à partager votre prière, votre silence, votre vie fraternelle, tout le quotidien quoi qui fait la vie du moine. J’ai vraiment goûté chacune de ces journées et aucune n’a été superflue ou trop longue, jusqu’à la dernière.
J’ai été très impressionné, à la fois par l’exigence, la profondeur et le sérieux de votre engagement dans cette mission d’Église, et qui ne donne que plus de poids à cette parole de Paul VI : « … le moine est le signe qu’est à l’œuvre dans le monde une force qui transcende tellement les limites de ce monde, qu’elle sera capable de le transfigurer au dernier jour ». Je repars admiratif devant cette belle fidélité au Christ que vous manifestez, et ressourcé aussi de vous avoir côtoyé dans ce quotidien de la vie monastique.
Mon séjour parmi vous était, bien que non prévu, une belle façon pour moi de célébrer mes 25 ans de conversion et mes 25 ans de fréquentation de la Trappe. Soyez assurés que je garderai un souvenir impérissable de ce séjour dont je rends grâce à Dieu. Je quitte en vous portant tous dans mes prières et je me confie à la vôtre.
Bien fraternellement en Jésus Christ,
Le fait ne s’est pas démenti tout au long de ce mois. J’ai été très heureux de vivre ce séjour avec les Trappistes. Trop heureux peut-être, au point où j’éprouve un peu de tristesse à l’idée de partir. Comme si ce séjour m’avait confirmé cette dimension contemplative en moi, qui m’a toujours habité depuis ma conversion, et même avant. Ici à la Trappe, j’ai pu enfin voir ce que c’est qu’une communauté qui a une règle de vie, où le silence a vraiment sa place, où la quête de Dieu semble vraiment présente, où la pauvreté est effective.Pour l’instant, je me dis que je devrai me donner cette vie d’intériorité et de silence dans mon couvent. Je ne crois pas à la possibilité d’une communauté nouvelle, ni d’une réforme. Sombres perspectives. Je voulais vivre mon idéal religieux avec d’autres et je me retrouve bien seul. Mais je rends grâce à Dieu pour sa belle fidélité à mon endroit, pour le bonheur de croire et de goûter sa présence et je lui demande de guider mes pas et de me conduire là où il lui plaira. À la grâce de Dieu. Saint Dominique prie pour moi, prie pour nous. Fin du journal.
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