Auguste Valensin : L’amour bannit la crainte

sisley_cheminLa peur des jugements de Dieu nous fait redouter la mort. Mais pourquoi craindre, nous dit le P. Valensin. Parce que nous n’aimons pas assez ? Mais Dieu nous connaît et il nous aime. Il suffit que quelqu’un accepte d’être aimé de lui pour que cesse la peur de la rencontre.

Les sentiments que je voudrais avoir à cette heure (et que j’ai actuellement): penser que je vais découvrir la Tendresse. Il est impossible que Dieu me déçoive, l’hypothèse seule est énorme ! J’irai à lui et je lui dirai : Je ne me prévaux de rien, sinon d’avoir cru en votre bonté. C’est bien là en effet ma force, toute ma force, ma seule force.

Si cela m’abandonnait, si cette confiance en l’Amour me désertait, tout serait fini, car je n’ai pas le sentiment de valoir, surnaturellement, quoi que ce soit ; et s’il faut être digne du bonheur pour l’avoir, c’est à y renoncer. Mais plus je vais, plus je vois que j’ai raison de me représenter mon Père comme l’indulgence infinie. Et que les maîtres de la vie spirituelle disent ce qu’ils veulent, parlent de justice, d’exigences, de craintes, mon juge à moi, c’est celui qui tous les jours montait sur la tour et regardait à l’horizon si l’enfant prodigue lui revenait. Qui ne voudrait être jugé par lui?

Saint Jacques a écrit : « Celui qui craint n’est pas encore parfait dans l’Amour». Je ne crains pas Dieu, mais c’est moins encore parce que je l’aime que parce que je me sais aimé de lui (…).

Il suffit que j’accepte d’être aimé de lui pour l’être effectivement. Mais il faut que je fasse ce geste personnel d’accepter. Cela, c’est la dignité, la beauté même de l’amour qui le veut. L’amour ne s’impose pas : il s’offre. 0 mon Père, merci de m’aimer! Et ce n’est pas moi qui vous crierai que je suis indigne ! En tous cas, m’aimer, moi, tel que je suis, voilà qui est digne de vous, digne de l’amour essentiel, digne de l’amour essentiellement gratuit ! Fin de l'article

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Auguste Valensin, La joie dans la foi, Aubier 1954, p. 106
Source : Célébrer la mort et les funérailles, Desclée, 1980.

Une Réponse

  1. « Celui qui craint n’est pas encore parfait dans l’amour ». Le même Saint Jacques écrit aussi « La miséricorde est plus grande que le jugement » et quand on lit l’évangile, on finit par se demander sinon à croire qu’ à la fin des temps, il n’y aura pas une absolution générale de tous les pécheurs, quels qu’ils soient, tant semble infinie la miséricorde de Dieu présentée par le Christ, tant elle est omniprésente. Tout part d’elle et repose sur elle. Elle est la loi du Royaume. Car peut-on concevoir l’amour sans la miséricorde? Il nous est demandé d’être miséricordieux, il nous est promis que nous serons jugés à l’aulne de notre propre miséricorde envers autrui. Elle est le début et la fin, le principe et sa finalité. Quand on a confiance, on s’abandonne. Et comment ne pas avoir confiance si on sait, si on sent que l’autre est toute miséricorde?
    La miséricorde de Dieu, c’est le meilleur de tous les évangélisateurs.
    Sans qu’il ait à dire quelque chose de très élevé, si vous voyez, sentez, la miséricorde chez le prêtre qui dit son homélie, alors il vous donne des ailes, des ailes pour oser s’envoler vers Dieu. Qui voudrait s’envoler vers un coup de bâton, une punition promise d’avance parce que nous n’avons pas été parfaits?
    A l’inverse, un sermon sur la miséricorde prononcé sans que cette même miséricorde transpire au travers de l’attitude plus que des mots choisis, alors, il n’y aura pas d’élan.
    A l’église, nous avons plusieurs prêtres. Ils sont tous de bons prêtres. Toutefois, il y en a deux, très âgés. Leur âge, leur expérience, leur long cheminement en Dieu au côté des pécheurs, leur a donné ce magnifique cadeau : être simples et miséricordieux. Pas d’énoncés vindicatifs, pas de reproches assénés à ceux qui se sont rassemblés. Pourtant, ils peuvent dire ce qui ne va pas. Et ils le disent. Oui, mais voilà, avec bonté, avec le pardon déjà accordé, avec l’assurance que l’homme peut changer, se convertir encore et toujours. Que le Seigneur nous les garde longtemps, avec eux c’est plus facile d’être nous-mêmes miséricordieux.
    Pareil pour les catéchistes, pareil pour tout croyant qui voudrait faire aimer Dieu. Il faut commencer par la miséricorde de Dieu et la vivre pour donner confiance et permettre de s’envoler vers le Père qui a toujours les bras ouverts.

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