C’est la Semaine Sainte qui commence et la liturgie de ce dimanche peut nous paraître paradoxale, sinon contradictoire. La preuve en est que nous avons deux noms pour désigner ce dimanche : le Dimanche des Rameaux, qui rappelle l’entrée messianique de Jésus à Jérusalem, et le Dimanche de la Passion du Seigneur.
Lors de la procession d’entrée, solennellement, rameaux à la main, nous avons acclamé le Christ en tant que Roi triomphal, mais dans la préface eucharistique, nous dirons qu’il a été jugé comme un criminel. En entrant dans l’église nous avons chanté : « Fils de David, Hosanna! Tu es notre Roi », mais lors du récit de la Passion nous avons entendu la foule crier : « crucifie-le! »
Chaque année, nous revivons la passion du Seigneur lors de la Semaine sainte. Une première fois le Dimanche des Rameaux, et ensuite le Vendredi saint. Pourquoi? Afin de marcher avec le Christ. Afin de faire nôtre sa passion pour le monde, afin de nous faire solidaire de lui, afin de reconnaître que nous avons besoin de cet amour qu’il nous offre, parce que nous avons besoin de salut, parce que nous sommes pécheurs et, pour reprendre une image de l’apôtre Pierre: parce que le mal se tient toujours tapît à notre porte, comme un lion prêt à nous dévorer. Nous avons besoin de salut, nous avons besoin du Christ, et cette semaine vient nous le rappeler avec toute sa gravité et sa solennité.
« On notera deux particularités du récit de la Passion chez Marc que nous avons entendu : la solitude de Jésus et son silence. Dans la Passion selon Saint Marc, Jésus est particulièrement seul; après le reniement de Pierre, Marc ne note plus plus aucune présence amicale aux côtés de Jésus; les femmes sont citées, mais seulement après sa mort. Quant au silence de Jésus, il est impressionnant : quelques mots seulement au procès, et ensuite, note Marc, « Jésus ne répondit plus rien ». Et Pilate lui-même s’en étonne. » (Thabut)
En entrant dans cette Semaine sainte, nous sommes conviés par l’évangéliste Marc à faire notre cette solitude et ce silence de Jésus. À porter avec lui notre monde qui souffre, à porter sa peine, à porter sa croix, à faire notre sa douleur, seuls avec lui, tous ensemble, à l’écoute de ce silence en nous qui nous parle de lui, contemplant en Église le mystère de notre foi, à travers les liturgies de cette semaine, et ce, jusqu’au matin de Pâques.
Alors que nous marchons ensemble vers l’aube du matin de Pâques, où nous serons illuminés de la joie pascale, il nous faut nous engager sur le chemin qui y conduit, celui de la passion et de la mort de Jésus.
Jésus a dit oui à la croix. Le don qu’il fait de lui-même est un oui à l’épreuve de l’Amour, amour pour nous et amour pour le Père, où Jésus ne saurait s’esquiver. Il sait que ce don ne peut que nous apporter la vie; il est venu pour cette Heure, et c’est sur la croix qu’il va affronter le Mal dans ses derniers retranchements.
Comme l’écrivait avec justesse sainte Catherine de Sienne : « Ce ne sont pas les clous qui retiennent Jésus sur la croix, mais l’amour. »
Jésus a dit oui à la croix, symbole de notre péché, la croix qui évoque la méchanceté des hommes, et où Dieu, dans son amour de Père, en fait le lieu de notre réconciliation. C’est sur ce bois que la vie va refleurir, c’est sur ce bois que l’amour du Fils de l’Homme sera livré jusqu’au bout, au point de saisir dans son offrande toute l’humanité, chacun et chacune de nous, toutes les générations à venir qui mettront leur foi en lui, Jésus, le grand vainqueur de la Mort.
Frères et sœurs, c’est la Semaine Sainte qui commence et nous sommes invités à ouvrir nos cœurs au mystère du plus grand amour qui soit. Marchons dans la foi avec le Christ, lui qui nous attend les bras grands ouverts sur sa croix glorieuse. Amen.
Yves Bériault, o.p.
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