Vendredi Saint

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« Les évangélistes, faut-il le redire, rapportaient une mort infamante de Jésus sur la croix qui ne pouvait qu’accabler, humilier tout disciple par sa forme d’échec impitoyable. Ce que tout écrivain fabulateur, mythologisant n’aurait jamais voulu imaginer. On n’invente pas Jésus Christ, il a trop d’exigence, et une croix trop lourde et râpeuse pour nos épaules. En somme, nos témoins rapportaient ce qui aurait dû empêcher la naissance et l’expansion du christianisme, s’ils n’avaient pas voulu témoigner particulièrement des faits et de la foi ardente qu’ils avaient en Jésus ressuscité, Messie et Seigneur, seule voie vers le Père.1 »

Frères et soeurs, c’est en communion avec toute l’Église universelle que nous proclamons en ce Vendredi Saint que « notre fierté c’est la croix du Christ ! » Cette croix, malgré sa laideur et la cruauté qu’elle évoque, est le lieu ultime que Dieu a choisi pour nous dire combien il nous aime.

Jésus a dit oui à la croix, il l’a acceptée courageusement, mais peut-on dire qu’il l’a recherchée ? « Père, si tu veux éloigner cette coupe de moi… » disait-il à Gethsémani. Et pourtant, ailleurs en saint Jean il dira à ses disciples : « Comme il me tarde de boire à cette coupe… »

Il n’y a pas de contradiction ici. Le oui de Jésus est un oui à l’épreuve de l’Amour, son amour pour nous et son amour pour le Père, où Jésus ne saurait s’esquiver, car il sait que ce don de lui-même ne peut que nous apporter la vie. Il est venu pour cette Heure, et c’est sur la croix qu’il va affronter le Mal dans ses derniers retranchements.

Jésus a dit oui à la croix, cette croix qui évoque la méchanceté des hommes, symbole de notre péché. C’est sur ce bois, que l’amour du Fils de l’Homme est livré jusqu’au bout, au point de saisir dans son offrande toute l’humanité, toutes les générations à venir qui mettraient leur foi en lui.

Oui, nous proclamons un Messie crucifié ! C’est là notre honte, parce que cette croix est l’expression de notre péché, et il faut en prendre toute la mesure en ces jours saints, mais c’est là aussi notre fierté, parce qu’elle est le lieu de notre relèvement. Comme le disait avec justesse le Père Congar, dominicain : « Ce n’est pas la souffrance de Jésus qui nous sauve; c’est l’amour avec lequel il a vécu cette souffrance; c’est tout autre chose.2»

Yves Bériault, o.p.
Dominicain. Ordre des prêcheurs


  1. Ouellette, Fernand. Le danger du divin. Fides,2002. p. 72
  2. Sesboüé, Bernard. Croire. Droguet et Ardant. 1999. p. 296

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