Voici une série de témoignages à l’occasion du mois de novembre où nous rappelons tout particulièrement nos défunts à notre souvenir.
Quelle grâce ont reçue les parents de la petite Claire, décédée à huit mois, pour parler ainsi de sa mort !
Alors comme cela, tout doucement, tranquillement, sans prévenir, tu es partie, Claire, pour suivre la route des Rois Mages peut-être. Aussi simplement que tu regardais, que tu souriais, tu es partie sans que cela pose pour toi le moindre problème. C’est pour nous, qui ne comprenons rien, qui sommes aveugles la plupart du temps que cela en pose. Mais, ma merveille, nous t’avons connue, aimée, tu nous as aimés pendant huit mois et ça, c’est le plus beau cadeau que tu nous aies fait, ta présence, tes sourires, ta joie de vivre, tes regards, ta paix.
Nous l’avons dit et redit, combien de fois (?), combien tu étais apaisante et comme tu nous faisais du bien, différemment suivant les moments. Tes cris de joie en découvrant la marche à quatre pattes, la joie de te retourner, sur le dos, sur le ventre, d’attraper les objets que tu voyais. Ta présence contemplative, le plaisir que tu avais à être dans les bras, caressant nos joues, attrapant le nez, le menton en prenant tes biberons, ce besoin, tout en te nourrissant, de plonger ton regard dans celui qui te tenait et de toucher en même temps. Toute petite déjà, tu nous as fait comprendre que tu aimais t’« acagnarder », être blottie, enfoncer ta tête dans le creux d’une épaule et ne pas bouger comme pour sentir plus intensément. Ton attitude, cet appel de ton regard nous a toujours obligés à en faire autant avec toi, à nous plonger aussi dans ton regard, où nous avons, nous tous, tous ceux qui t’ont connue, puisé la paix.
Cette paix, elle émanait, rayonnait de toi après ton départ. Tu n’as jamais été aussi belle, mystérieusement. Quelle splendeur, quelle paix, quelle beauté bienfaisante et nue, là, comme ça, toute simple, confiante et abandonnée, se montrant à qui voulait te voir. Toi, Claire, la paix.
Tu nous la donnes, tu n’as pas cessé de nous la donner, pour toi, c’est tout simple, j’en suis sûre, ton visage nous l’a dit d’une façon certaine, on ne peut en douter.
Tu es bien maintenant, tu avais tout compris, tu as tout à nous apprendre à nous, lourds, pesants, aveugles. Tu es notre messager là-haut, et tu y es bien, si bien, tu nous l’as dit. Et puis tu n’y es pas seule, tu y as été accueillie, et rudement bien, ils ont été contents que tu viennes les rejoindre, leur parler de nous. Grâce à toi, nous voilà différents, nous sommes devenus, tous, comme des arbres qui ont maintenant des racines en l’air, le chemin est tracé maintenant, nous sommes unis, reliés à tous. Quel cadeau !
Tu réconcilies les vivants de ce monde avec ceux qui l’ont déjà quitté et tu réconcilies les vivants entre eux. Nous ne sommes plus entourés que par l’amour, la sympathie. Tu nous apprends à mieux vivre. Tu avais tout compris, tu nous le disais avec ton regard, tes caresses, mais nous ne voyions sans doute pas assez, pas autant qu’il l’aurait fallu.
Tu as pris les grands moyens, certes, mais tu sais, on a bien compris ton message, « aimez-vous ». On va essayer de ne pas être triste, on essaie, on y parvient par moments, mais pas toujours. Tu nous pardonnes et tu nous aides. C’est merveilleux, tu sais, tu n’auras fait que du bien, un bien immense que nous ne mesurons pas, mais qui vient sans cesse, avec ta douceur. On a de la chance de t’avoir connue et que tu sois sortie de nous.
Source : Célébrer la mort et les funérailles, Desclée, 1980.
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